Le Digital Labor


Voir :
« Nous travaillons tous pour Facebook ou Google sans le savoir » Antonio A. Casilli. (Charlie Hebdo du 25/11/2015)

Qu’est-ce que le Digital Labor ? (INA Éditions) publié par :

  • Antonio A. Casilli, chercheur en sociologie à l’EHESS (École des Hautes Études en Sciences Sociales)
  • Dominique Cardon, sociologue

Ils définissent le Digital Labor comme « un travail implicite, qui ne se déclare pas en tant que tel, qui n’est pas rémunéré et qui est déguisé souvent en loisir ou contribution volontaire« .

En clair, à chaque fois que vous entrez une donnée (mot, « like », photos, vidéos, etc.) ou que vous partagez une donnée existante, ou que vous étendez vos « amis » sur les réseaux sociaux, vous produisez de la valeur ajoutée aux plateformes qui gèrent ces réseaux. Idem lorsque vous faites une recherche sur Google.

NB : pour les photos et vidéos ce sont les métadonnées qui sont intéressantes : date, heure, lieu GPS, marque de l’appareil, etc.

Quelles valeurs ajoutées produisez vous :

  • vous enrichissez votre profil marketing (qui êtes-vous, où habitez-vous, quels sont vos loisirs, où allez-vous, que consommez-vous, etc.). Un profil utilisateur sur Facebook se vend entre 11 et 24$, plus il est renseigné, plus il est cher, et cette valeur sera multipliée par votre nombre « d’amis ».
  • vous enrichissez le profil des produits, lieux, loisirs que vous aimez, ce qui permettra aux plateformes de mieux valoriser les publicités sur ces produits, lieux, loisirs, etc.
  • plus il y a d’activité sur une plateforme, plus la cotation boursière de la plateforme va augmenter (puisqu’elle a plus de profits potentiels), donc vous enrichissez les détenteurs des actions (pas la plateforme elle même, ne pas confondre).

En résumé, à chaque fois que vous utilisez Facebook, Twitter, Google, etc.  ou encore votre smartphone, vous travaillez bénévolement pour une multinationale qui s’en met plein les poches.

Quelle solution proposent les auteurs : « une forme de revenu de base numérique comme compensation pour le Digital Labor fondée sur une taxe prélevée sur les grandes plateformes d’Internet« .

La vraie question ne serait-elle pas : faut-il continuer à enrichir quelques sociétés privées ?

Et la vrai solution ne serait-elle pas : laissez tomber ces réseaux dits « sociaux » et n’utilisez que des outils libres ?

Patrice LEPISSIER